chapitre 02: la problématique de la rareté


 

Objectif général

Déterminer le champ d’application et d’intervention de la science économique en se familiarisant avec les notions de base de l’économie.

Dans son ouvrage « l’économique », P Samuelson a présenté la définition suivante : L’économie est l’étude de la façon dont l’homme et la société choisissent avec ou sans recours à la monnaie, d’employer des ressources productives rares qui sont susceptibles d’emplois alternatifs pour produire divers biens, et les distribuer en vue de la consommation, présente ou future, des différents individus et groupes qui constituent la société.

Objectifs spécifiques

Aborder les notions suivantes :

- Les besoins

- Les biens

- Les ressources

- La rareté

 

 

 

A travers cette définition, l’objet de la science économique étant la recherche de solutions efficaces aux problèmes : que produire ? Comment produire ? et pour qui produire ?

La réponse à ces diverses questions dépend des besoins des individus et de la collectivité. Par conséquent il faut faire un choix des biens et des services qui doivent être produits pour satisfaire les besoins des individus et de la collectivité.

Ces questions renvoient aux notions de besoin, des biens nécessaires à la satisfaction de ces besoins et des ressources pour .produire ces biens.

1 - La notion de besoin

Un besoin est un sentiment de manque ou de privation qui porte à désirer un bien ou un service et la satisfaction des besoins constitue le but de l’activité économique. Les besoins revêtent un caractère économique quand ils font appel, pour leur satisfaction, à des ressources matérielles et humaines limitées (rares) et donc coûteuses pour l’individu et la société. Il faut donc les distinguer des besoins non économiques (besoins d’amour, de piété, de justice, etc) qui n’appartiennent pas, à proprement parler, au domaine de l’économie.

Les besoins peuvent être physiologiques (primaires, nécessaire à la survie de l’homme comme manger, boire, se loger) ou sociaux (manger dans un restaurant réputé). Dans cette deuxième catégorie on distingue les besoins de civilisation (pour intégrer un mode de vie considéré comme normal dans la société) ainsi que les besoins de luxe (pour se distinguer des membres constituant la société).

Un besoin est donc une exigence de la nature ou de la vie sociale, C’est une notion relative qui varie :

- Dans le temps (en fonction du degré de développement économique et social, de l’innovation technologique qui génèrent une profonde transformation des besoins ou avec les phénomènes de mode… etc.).

- Dans l’espace (en fonction des croyances, de la catégorie socioprofessionnelle ou du lieu d’habitation… etc.)

 

Ces besoins peuvent être ressentis par un individu ou par un groupe d’individu :

Besoins collectifs : sont des besoins qui portent sur des biens indivisibles et nécessaires à la conservation et au progrès de la société.

Besoins individuels : sont ceux qui peuvent être solvable au plan individuel.

- La pyramide de Maslow :

 

A partir des observations réalisées en 1940 par le psychologue Abraham Maslow sur la motivation, il est arrivé à distinguer cinq catégories de besoins hiérarchisés selon les priorités des individus comme suit : 

 

 

 

 

- Besoins physiologiques : ou primaires qui sont les besoins biologiques (nourriture habillemen, abri, etc).

- Besoins de sécurité : incluent ceux de protection, stabilité physique, psychique et sociale : l’individu éprouve rapidement la nécessité de se protéger de son environnement (médicaments, assurance, emploi… etc.)

- Besoins d’appartenance et de liens sociaux : pour assurer leur sécurité, les individus éprouvent le besoin de se regrouper, de se sentir entourés d’autres individus aux mêmes affinités (mode vestimentaire, association… etc.).

- Besoins d’estime : incluent ceux de respect de soi, prestige, succès et accomplissement : la notion de groupe fait apparaitre le besoin d’être reconnu par les autres, l’individu cherche à se démarquer (restaurant réputé, voiture de prestige… etc.)

- Besoins de réalisation de soi (accomplissement) : ce sont des besoins purement psychiques (théâtre, compétition, voyage… etc.)

 

La principale critique du modèle de Maslow repose sur le postulat discutable où l'individu passerait d'un niveau à l'autre une fois seulement les besoins du niveau inférieur satisfaits ; or tout être humain n'a pas nécessairement ce mode de hiérarchisation de ses besoins, tant dans sa vie personnelle que professionnelle. A un moment donné, ces besoins peuvent être simultanés voire contradictoires...

2 - La notion de bien

La satisfaction des besoins est obtenue à partir des biens. Un bien peut être un objet matériel ou immatériel (un service).

Un bien est dit économique s’il répond aux trois caractéristiques suivantes :

 L’utilité ou l’aptitude à satisfaire un besoin :

 La disponibilité : la possibilité de se procurer ce bien à n’importe quel moment.

 La rareté : Un bien qui est disponible en quantité illimitée n’est pas un bien économique. L’air, par exemple n’est pas un bien économique puisque, bien qu’il répond à un besoin essentiel celui de respirer, il n’est pas rare ; c’est un bien libre.

Ces biens économiques, répondant aux trois caractéristiques citées ci-dessus, n’interviennent pas de la même manière dans l’activité économique. Six niveaux de différenciation peuvent être cités :

 

- Biens de consommation et biens d’investissement ou de production :

 

Pour produire un bien quelconque, il faut associer des moyens matériels et humains ; Certains de ces moyens matériels sont détruits au cours du processus de production (les matières premières etc…). D’autres ne sont pas immédiatement détruits, ils participent dans plusieurs cycles productifs, ce sont les biens d’investissement qui sont usés sur une longue période ; ces derniers concernent essentiellement les équipements et les bâtiments.

Alors que les biens de consommation, comme les aliments sont ceux qui contribuent directement à notre satisfaction ; ils sont alors détruits par l’usage auquel ils sont directement destinés.

Par ailleurs, certains biens peuvent changer de nature selon l’usage qu’on en fait. Ainsi, une voiture achetée par un particulier est considérée comme un bien de consommation durable puisqu’elle n’est pas créatrice de revenus futurs (c’est l’exemple également des réfrigérateurs) alors que si elle est achetée par un chauffeur de taxi, elle est considérée comme bien d’investissement.

- Bien final et bien intermédiaire :

 

On appelle bien final un bien qui est au stade final d’élaboration de sorte qu’il est prêt à l’opération à laquelle il est destiné sans transformation ; ce sont les biens et services qu’on achète en vue d’une utilisation finale (consommation finale).

Alors qu’un bien intermédiaire ou un intrant est un bien qui entre dans la production d’autres biens ou services. Il s’agit des matières premières et des produits semi-finis (consommation intermédiaire).

- Biens complémentaires et biens substituables et biens indépendants :

 

Deux biens sont dits complémentaires s’ils ne peuvent être dissociés pour la satisfaction d’un même besoin. Un bien est dit complémentaire lorsqu’il est consommé avec un autre bien. Par exemple le thé et le sucre sont des compléments ou des biens complémentaires. Si le prix du sucre augmente, les gens achèteront moins de thé et sa demande diminue.

Alors que deux biens sont dits substituables s’ils peuvent être dissociés pour satisfaire un même besoin (café et thé). Lorsque le prix d’un bien substitut, tel que le café, augmente les individus consomment moins de ce produit et achètent plus de thé et sa demande en conséquence.

 

- Bien privé et bien collectif :

 

Les individus consomment les biens achetés des magasins, ce sont les biens privés ou les biens qui permettent de satisfaire les besoins privés de consommation.

Ces mêmes individus consomment également des biens et des services consommés par d’autres individus tels l’université et les hôpitaux ; ce sont des biens collectifs. En effet lorsqu’un automobiliste utilise la route pour satisfaire ses besoins personnels, il n’est pas seul sur la route, il l’utilise en même temps avec d’autres automobilistes.

- Bien matériel et bien immatériel :

 

Les biens matériels sont des produits tangibles, apparents, alors que les biens immatériels concernent les services qui sont hétérogènes.

- Bien durable et bien non durable :

 

Les biens non durables sont détruits dès leur première utilisation, tels que les biens alimentaires alors que la consommation des biens durables peut s’étaler dans le temps, elle concerne, par exemple, l’immobilier, électroménager, machines.

3- la notion de ressource productive

Comment les biens doivent-ils être produits ? Avec quelles ressources ? et selon quelles techniques ? Cette question du comment produire provient du fait que la rareté des ressources oblige à faire des choix qui procurent un maximum de satisfaction pour un minimum de coût.

Pour satisfaire ses besoins, l’homme dispose de trois types de ressources qui sont fournies par la nature, par les hommes et par le capital physique. Ces ressources utilisées dans l’acte de production sont appelées les ressources productives.

- Les ressources naturelles :

 

Sont les matières premières, disponibles à l’état brut, que les hommes doivent transformer et adapter à leurs besoins. A l’échelle de l’ensemble de la société, la ressource naturelle initiale est la Nature. Celle-ci recèle des richesses qui gisent au niveau du sol, du sous-sol ou dans les fonds marins. Elles comprennent, entre autres, les terres agricoles plus ou moins fertiles qui permettent de subvenir aux besoins alimentaires, les cours d’eau qui fournissent notamment de l’eau potable, l’eau d’irrigation et l’électricité, et enfin les réservoirs naturels d’où l’on puise les divers minerais, le charbon, le pétrole et le gaz.

- Les ressources humaines :

 

L’effort que les hommes exercent sur la nature afin de lui arracher les moyens utiles à leur vie s’appelle le travail. Un tel effort se distingue de celui exercé par les autres espèces vivantes par son caractère conscient et non instinctif, l’homme étant la seule espèce vivante qui conçoit par avance le résultat de son travail.

Le travail trouve son origine, sa source, dans la force de travail de l’homme Celle-ci peut être définie comme l’ensemble des facultés physiques, intellectuelles et nerveuses qui existent dans le corps de l’homme et sont susceptibles d’être utilisées, investies dans l’acte de production. Entendu ainsi le travail désigne les modalités de consommation de la force de travail, c’est-il- dire les formes prises par les dépenses d’énergie de l’homme, travail physique du maçon, travail intellectuel du savant, travail de précision du bijoutier, etc.

A l’échelle de toute la société, la force de travail est constituée par l’ensemble des individus en âge d’exercer un travail (ou emploi) rémunéré et pouvant prendre part à l’activité de transformation de la nature, avec leur capacité physique, leur savoir et leur savoir- faire. L’étude de la population par les démographes intéresse l’économiste en ce qu’elle renseigne sur l’importance quantitative de la ressource humaine disponible (la main-d’oeuvre), facteur dont dépendent en partie les possibilités de production de toute société

- Le capital technique

 

Si les hommes ne disposaient que des ressources naturelles et du travail de leurs mains, sans aucun recours à des instruments et à des équipements précis, la production serait quasi -impossible. Pour accroître l’efficacité d’ensemble de leur activité productive, les hommes utilisent un capital technique, ensemble de moyens de production qu’ils interposent entre eux et les ressources naturelles.

Au sens strict, le capital est composé des outils (marteau, machine à coudre, raboteuse, charrue, etc) grâce auxquels s’opèrent les transformations et que les hommes ont dû créer à la suite d’un « détour de production ». Ces outils constituent en quelque sorte le prolongement du bras de l’homme.

La création et l’utilisation du capital physique sont ainsi le reflet du travail créateur de l’homme son trait distinctif par rapport aux autres espèces vivantes. Mais au sens larges le capital physique comprend aussi toutes les ressources matérielles indispensables à la réalisation de tout acte de production, même si elles interviennent de façon indirecte : terrains, bâtiments, chemin de fer, ports, aéroports, ponts barrages, lignes électriques etc.

Les économistes distinguent deux formes de capital technique:

- le capital circulant (appelé encore biens intermédiaires) qui n’intervient qu’une seule fois dans le cycle de production (le bois, la farine, le tissu, etc.) et qui transmet donc au produit la totalité de sa valeur au terme de ce cycle.

- le capital fixe qui intervient plusieurs fois dans le cycle de production au terme duquel il n’aura transmis qu’une partie de sa valeur. Il ne sera donc amorti entièrement qu’après plusieurs années d’utilisation.

4- La loi de la rareté (les choix et les coûts) :

Puisque les biens sont rares, une bonne gestion de ces biens est indispensable, par conséquent le problème devient un problème d’allocation des ressources ; ces dernières sont rares et nous obligent à faire des choix. Tout choix implique un coût puisque si l’on veut avoir plus d’un bien, il faut renoncer à une quantité d’un autre bien.

 

Dans un premier temps, on procédera à une illustration de la rareté par la courbe des possibilités de choix. Ensuite, dans un second temps, on déterminera le coût supporté par ce choix qui découle de la contrainte de la rareté.

 Comme les ressources en travail et en matières premières sont rares, il est impossible de produire tous les biens nécessaires à la satisfaction des besoins illimités. Il convient donc de faire des choix pour déterminer les biens qui seront produits, parmi l’ensemble des possibilités de production.

Si l’on considère qu’il n’est possible de produire que deux biens X et Y, la « frontière » des possibilités de production prend l’allure suivante : 

 

Les choix de production efficace se situent sur la frontière (en A et B par exemple). À l’intérieur de l’espace des possibilités de production (en C), l’économie se priverait de la possibilité de produire plus de biens X et Y. Il convient donc de choisir entre produire plus de biens X et relativement moins de bien Y, ou l’inverse. La frontière dépend des ressources dont dispose l’économie (volume de travail, matières premières, biens fabriqués dans le passé), mais également de l’état d’avancement du progrès technique.

De cette représentation graphique en découlent plusieurs notions:

Courbe des possibilités de production (CPP) : Frontière entre les combinaisons de biens et services qu’il est possible de produire et celles qu’il est impossible de produire avec une quantité de ressources et une technologie données.

Plein-emploi : Utilisation optimale des ressources productives compte tenu de la meilleure technologie disponible (combinaisons A, C, D, B).

Coût de renonciation : quantité d’un bien à laquelle il faut renoncer pour obtenir une unité supplémentaire d’un autre bien.

Sous-emploi : Utilisation incomplète ou inefficace des ressources productives compte tenu de la meilleure technologie disponible (combinaison H).

Croissance économique : Expansion soutenue des possibilités de production, c’est –à- dire la mise en oeuvre de ressources nouvelles ou de techniques nouvelles en vue d’accroître la production peut entraîner un déplacement de la courbe AB vers la droite.

En résumé, il apparaît que la loi de la rareté pose un triple défi à toute société humaine :

- il s’agit d'abord de déterminer les objectifs de la production (quoi produire et en quelles quantités), ces derniers devant tenir compte des préférences exprimées par la société.

- fois réglée la question de la conformité de l’allocation des ressources de la société à ses préférences, il s’agit de fixer les modalités de consommation des ressources productives (comment produire) de la façon la plus efficace possible.

- il s’agit d’établir enfin de quelle façon les fruits de la production seront repartis dans la société (pour qui produire).

 

« Etudier l’économie, c’est essayer de comprendre comment les sociétés humaines s'organisent pour répandre à ce type de défi. »