La production est génératrice de richesses (de valeurs ajoutées) qui va permettre à l’entreprise de rémunérer l'ensemble des agents ayant contribué à la production, les entreprises sont des structures socialement organisées dont la fonction essentielle (leur raison d'exister) est de produire des biens et services marchands destinés à être cédées sur le marché à un prix leur permettant de réaliser un bénéfice. Le produit de la vente sert à rémunérer les agents économiques ayant mis les facteurs de production à la disposition de l'entreprise pour produire, c'est ce qu'on appelle la répartition primaire (distribution) des revenus. Cette distribution génère toujours des « inégalités » parce que les règles de distribution sont fondées sur la nature et le degré de participation au processus de production. L'Etat, en tant que garant de l'équilibre social et donc de justice sociale est appelé à corriger la distribution « spontanée » des revenus par la mise en place de mécanismes et de dispositifs favorisant une redistribution des richesses entre les agents économiques. C'est là, une des fonctions principales de l'Etat.
Dans ce chapitre nous examinerons les points suivants :
-Le produit intérieur et ses différentes mesures
-Les revenus primaires
-La redistribution
- 1/Le produit intérieur brut ( p.i.b) et ses mesures
L’entreprise est le lieu de combinaison des facteurs de production apportés par plusieurs agents économiques, il s'agit :
-Des salariés qui apportent le facteur travail, c'est-à-dire leur savoir, leur savoir- faire, expérience, compétence...
-des apporteurs de capitaux :aussi bien les actionnaires directs qui investissent dans l'entreprise que les organismes fournissent l'appoint en capital nécessaire à l'entreprise (emprunt et crédit auprès des banques).
-De l'Etat qui fournit à l'entreprise les services publics nécessaires à son bon fonctionnement (infrastructures, police, justice, subventions et aides multiples.)
-De l'entreprise pour elle-même parce qu'elle organise la production en combinant les facteurs de production.
1-1 La notion de valeur ajoutée
Lorsque l'entreprise effectue une opération de transformation, elle crée un supplément de richesses qui correspond à la différence entre le prix de vente des biens et services finis qu'elle vend sur le marché, et le coût des éléments (matières premières, biens intermédiaires, outil set machines...) qu'elle incorpore dans le processus productif. Ce surplus de production par rapport à la consommation s'appelle la valeur ajoutée.
Autrement définie, la valeur ajoutée est la richesse réelle crée par une entreprise du fait de son activité productive. Du point de vue comptable on peut faire le calcul suivant pour l'obtenir :
Valeur ajoutée=chiffre d'affaires - la somme des consommations intermédiaires
Si nous faisons la sommation des valeurs ajoutées crées dans toutes les entreprises de tous les secteurs constituant l'économie nationale nous obtenons un agrégat important de la comptabilité nationale qui est le produit intérieur brut.
l/2Les mesures du p.i.b
La mesure du p.i.b est une opération comptable plus que nécessaire à entreprendre dans une économie et par une société pour pouvoir rendre et se rendre compte de la productivité et de la performance de tout système d'organisation de la production dans un pays donné, pour confronter l’évolution des richesses par rapport à l'évolution quantitative et qualitative des besoins de la population, enfin interroger la répartition des richesses crées entre les participants à l’effort de production. Il découle de ce que précède que le p.i.b peut être approché sous trois angles c'est-à- dire mesuré de trois manières.
-Sous l'angle du produit tel que nous l'avons présenté plus haut
p.i.b = Somme des valeurs ajoutées (évaluées au prix du marché incorporant la t.v.a et les droits et taxes à l'importation)
C'est cette valeur ajoutée qui permet de rémunérer les agents économiques ayant participé au processus de production.
Le p.î.b sous l'angle des revenus
Le processus de production ne peut se renouveler que si les participants à ce processus sont rémunérés « au prorata de leur contribution » à ce surplus que désigne la valeur ajoutée. Aussi, la valeur ajoutée repartie entre les participants donne lieu à des revenus tels que :
-les salaires comme contrepartie du travail effectué par Les travailleurs au profit de l'entreprise,
– les impôts nets de subventions prélevés en contrepartie de tous les services non marchands mis à la disposition de l'entreprise par l'Etat.
- l'excédent brut d'exploitation qui englobe aussi bien les dividendes destinés aux apporteurs internes de capitaux calculés en proportion du nombre d'actions qu'ils détiennent dans l'entreprise, mais aussi les intérêts sur les prêts accordés à l'entreprise par les Institutions de crédit, enfin la part non distribuée par l'entreprise et qui sert généralement à l'autofinancement des projets de l'entreprise. On peut écrire,
p-i-b/revenus= salaires +impôts liés à la production - les subventions accordés par l'Etat + l'excédent brut d'exploitation.
Le p.i.b sous l'angle de la dépense
Le produit intérieur brut d'un pays est l'ensemble des biens et services produits dans ce pays pendant une période donnée (l'année n). Cette masse de biens et services est destinée à être répartie en fonction des emplois qui en seront fait؛ par les différents agents économiques. Les emplois concernent la consommation finale par les ménages, les investissements faits par les entreprises, les exportations de biens et services à destination du reste du monde. Comme la production des biens et services a fait appel aux importations de matières premières, de produits finis et semis finis utilisés comme consommations intermédiaires, la mesure exacte du p.i.b du point de vue de la dépense exige de soustraire la valeur des importations de celle des exportations. On écrira alors :
p.i.b/dépense = consommation finale +investissement +exportations - importations
Notez bien qu'on désigne habituellement les deux termes du commerce extérieur par le solde du commerce extérieur.
2/La répartition primaire des revenus
La répartition primaire correspond aux revenus tirés de la contribution à l'activité productive. Elle concerne le partage de la richesse crée par l'activité productive, c'est-à-dire le partage de la valeur ajoutée qui donne lieu à la perception directe et immédiate des revenus par les agents économiques en rémunération des facteurs de production (travail et capital). Ces revenus sont appelés les revenus primaires. Les agents économiques reçoivent ces revenus quand ils participent à la production.
2/1 Les revenus primaires des agents économiques
Les revenus primaires des agents économiques comportent aussi bien les revenus d'activité (salaires, primes...) que les revenus provenant du capital et de la propriété loyers, intérêts, dividendes et autres. Globalement on peut distinguer deux catégories de revenus primaires qui renvoient à une position des participants l'activité économique vis-à-vis de la propriété des moyens de production : il s'agit des salaires et des profits.
2/l/1-Salaire et ses déterminants
Le salaire rémunère le facteur travail. II peut prendre plusieurs formes selon la catégorie d'appartenance du travailleur : on parle alors de traitement pour un fonctionnaire, de salaire pour un salarié du secteur économique, d'honoraires,...
Tous les travailleurs ne perçoivent pas le même salaire car celui-ci est commandé par un certain nombre de facteurs tels que :
1 -la situation du marché du travail : un chômage fort exerce un effet négatif sur la rémunération des salariés.
2 -la productivité du travail qui varie en fonction de la qualification du salarié
3 -la taille de l'entreprise: plus l'entreprise est grande, plus les salaires sont élevés et ce pour un même niveau de qualification. Notons que cette règle n'est pas systématique.
4 -l'ancienneté du salarié
5-le rôle dès syndicats : des syndicats mieux organisés pourront mieux négocier d'éventuelles hausses des salaires
6 -la localisation géographique de l'entreprise peut dicter de payer mieux pour attirer et garder la main d'œuvre.
- Les profits
Le profit correspond à l'excédent brut d'exploitation lequel est habituellement traité de résidus en ce qu'il représente la, différence entre la valeur ajoutée et les rémunérations des salariés. C'est aussi le bénéfice apparent de l'entreprise qui n'en devient un qu'après avoir rémunéré les apporteurs externes des capitaux tels que les-banques.
Cette part de richesse issue de l’activité économique, et qui échoit à l'entreprise, peut s'expliquer par plusieurs éléments qui varient selon les différentes approches économiques du profit.
2/2-les revenus disponibles des ménages
La répartition primaire de revenus donne lieu à la perception par les ménages de revenus constitués de trois éléments :
-la rémunération salariale proprement dite qui est l'ensemble des sommes versées par les entreprises et qui constitue le coût du travail (salaires, primes...)
-les revenus non salariaux qui sont toutes les sommes perçues par les ménages telles que la rémunération de leur épargne sous forme de dividendes sur les actions détenues, d'intérêts sur les obligations, mais aussi les sommes qui correspondent à des loyers et autres.
-les revenus des entrepreneurs individuels : les dirigeants d'entreprises individuelles font partie de la catégorie des ménages parce que les revenus qu'ils perçoivent de leur activité correspondent à la fois à la rémunération de leur travail et de leur capital propre investi dans l'entreprise.
Les revenus des ménages ne sont pas en totalité répartis sur la consommation et l'épargne. Ils ont d'abord l'obligation de payer les impôts à l'Etat ainsi que leurs cotisations sociales en contrepartie desquelles ils perçoivent des prestations sociales. C'est après acquittement obligatoire des prélèvements fiscaux et parafiscaux que le ménage peut décider des emplois qui seront faits du revenu resté à sa disposition. Il s'agit bien pour le ménage d'arbitrer selon des considérations propres à lui de la part de son revenu disponible affectée à la consommation et de celle qui en sera épargnée».
On peut écrire:
Revenu disponible = Consommation des ménages + Epargne des ménages
La répartition primaire des revenus telle qu'elle s'opère spontanément se caractérise par des inégalités qui peuvent paraître socialement et donc politiquement insoutenables. Ces inégalités concernent aussi bien les revenus du travail que ceux du capital. Pour ce qui est des salaires les inégalités qui les caractérisent peuvent s'expliquer par la catégorie socioprofessionnelle d'appartenance, l'ancienneté, la situation géographique. pour ce qui du patrimoine : il est constitué d'actifs financiers (valeurs mobilières de placement) d'actifs non financiers (terrains, logements œuvres d'art...).
La notion de patrimoine d'un ménage peut être analysée en fonction de sa nature, selon qu'il soit domestique ne rapportant pas de revenu tel que le logement, professionnel tel que les outils de travail ou les actifs physiques mi en œuvre par les entrepreneurs individuels, patrimoine de rapporté savoir des placements qui procurent des revenus.
Le patrimoine susceptible de rapporter des revenus futurs aux ménages tels que les plus-values va accroître les inégalités observées au niveau de la répartition primaire, d'où la nécessité de la redistribution des revenus comme deuxième moment de la répartition, une des principales fonctions de l'Etat.
3/La redistribution des revenus :
La redistribution regroupe toute les opérations par lesquelles les administrations publiques effectuent des prélèvements et versent des revenus de transfert.
La répartition des revenus se traduit souvent par l'apparition d'inégalités tant en termes de salaire que de patrimoine. L'exigence sociale et politique de prise en compte et en charge de ces inégalités est à l’origine de l’évolution des fonctions et missions de l’Etat et par-là le passage de l’Etat- gendarme (confiné dons les limites des missions régaliennes) à l’Etat-providence dont la fonction principale est d’assurer une plus grande justice sociale à travers une redistribution des revenus au profit des agents économiques les plus faibles ou dans le besoin. Le phénomène de redistribution sociale des revenus peut être accu avec l’existence d'un ralentissement économique et l'augmentation de la pauvreté qui résulte des pertes d'emplois et du chômage.
3/1 les objectifs de la redistribution
En dehors du constat de l'existence d'inégalités résultantes de la répartition primaire de revenus, le principe de la redistribution se justifie par la poursuite de deux types d'objectifs :
-objectif d’ordre économique: une répartition plus égalitaire des revenus peut favoriser l’activité économique (selon certains).
- objectif d'ordre sociopolitique : diminuer les inégalités sociales liées aux différences de revenus.
3/1/1/ Objectif économique :
Les revenus permettent aux individus de satisfaire leurs besoins. Un individu disposant de faibles revenus doit les dépenser en totalité pour satisfaire ses besoins essentiels. A l'inverse, un ménage ayant des revenus importants pourra satisfaire l'essentiel de ses besoins tout en préservant une partie sous forme d'épargne. Les ressources épargnées n'étant pas consommées, elles sortent donc du circuit économique et constituent un frein à l'activité économique. Un prélèvement sur les revenus les plus élevés permet donc sans diminuer la consommation de ces ménages, d’accroître la consommation des ménages aux revenus les plus faibles. Au total, le transfert de pouvoir d'achat au profit des ménages vulnérables est donc favorable à l'activité économique puisqu'il permet un accroissement global de la consommation des ménages.
3/1/2 Objectif sociopolitique
Dans les sociétés développées, les motivations sociopolitiques justifient l'accroissement des mesures de redistribution de revenus. Ces motivations reposent sur l'idée selon laquelle, dans une société relativement prospère, tout individu doit bénéficier d'un revenu minimum en fonction notamment de sa participation à l'activité de production. Outre ce besoin de mieux réparties revenus entre ses membres, ces sociétés cherchent à assurer une meilleure sécurité à ces concitoyens, en les protégeant entre autre du risque de perte de revenu lié à une cessation d'activité. Face à ce besoin croissant de sécurité, les nations développées ont mis alors en place des mécanismes de protection sociale permettant de palier aux conséquences économiques consécutives à certains aléas de la vie (maladie, chômage, grossesse, vieillesse...)...
3/2 Les modalités de redistribution
Plusieurs organismes contribuent à la redistribution des revenus :
3/2/1 L'Etat:
L'Etat assure le rôle de la redistribution des revenus, et ce, dans une optique de correction des Inégalités liées à la répartition primaire des revenus. Pour ce faire, l'Etat prélève une partie des revenus des ménages grâce à l'impôt.
L'imposition des revenus se fait de manière progressive, avec un taux d'imposition croissant selon le revenu. Les informations qui rendent compte de l'effort de l'Etat en matière de redistribution sont contenus dans le budget social de l'Etat qui représente 13% du PIB de l'ALGERIE.
3/2/2 Les organismes sociaux
Les organismes sociaux (sécurité sociale) protègent les individus contre un certain nombre de risques sociaux (vieillesse, maladie, chômage...). Ils sont gérés par les partenaires sociaux (patronat et syndicat des travailleurs) selon le principe de mutualisation des risques : les individus versent des cotisations sociales à ces organismes. Les sommes ainsi collectées sont alors redistribuées à des bénéficiaires, c'est-à-dire aux individus qui à un moment donne en ont besoin, de faire appel à ces organismes. C'est donc le fait de payer des cotisations qui procure des droits à un assuré social mais selon un principe de solidarité qui veut que les bien-portants payent pour les malades et ceux qui ont un emploi payent pour ceux qui ont perdu le leur. L'ensemble des prestations sociales versées par les organismes sociaux constituent une partie des transferts reçus par les ménages. Pour approcher de plus prés tous les transferts effectués au profit des ménages, il faut se référer au contenu du bilan social de la nation qui englobe aussi bien les transferts opérés par l'Etat sur son budget, mai aussi les transferts effectues par les organismes sociaux.
3/2/3 La notion de prélèvements obligatoires
Les prélèvements obligatoires représentent l'ensemble des prélèvements opérés par les institutions participant à la redistribution des revenus.
Prélèvements obligatoires = Impôts + Cotisations sociales
3/3 Le débat sur la redistribution :
Le développement continu de l'intervention de l’Etat dans l'économie et le poids de plus en plus important pris par les organismes de protection sociale a suscité un mouvement de remise en cause du principe même de la redistribution des revenus, en particulier dans les pays anglo-saxons. Pour ses détracteurs, la redistribution, non seulement n'est pas favorable à l'activité économique, mais constitue plutôt un frein au redémarrage de l'activité. Ce débat, toujours d'actualité, se nourrit d'arguments tantôt en faveur, tantôt critique à l'égard du principe de redistribution :
Arguments favorables à la redistribution :
1)-Les prélèvements sociaux sur les salaires poussent les entreprises à réaliser des gains de productivité ce qui renforcent leur compétitivité sur le marché.
-La redistribution est facteur de paix sociale, y compris au sein de l'entreprise.
2)-La protection sociale, garantissant un certain revenu, joue un effet stabilisateur sur la consommation des ménages et donc sur la demande.
3) -La redistribution des revenus favorise un accroissement de la consommation globale.
Arguments opposés à la redistribution :
1)-Le niveau élevé des prélèvements sociaux a un effet restrictif sur la consommation des ménages.
2) -La protection sociale n'incite pas les individus à rechercher activement du travail et les maintient dans un système d'assistanat préjudiciable à l'activité économique.
3)-Les prélèvements sociaux augmentent le coût du travail ce qui affecte la compétitivité des entreprises.
4)- Les capitaux peuvent répugner à s'investir dans les pays où les charges sociales sont trop Importantes.